Max Reger (1873-1916) ne pouvait manquer dans ce thème des filiations de J.S. Bach. Peu connu du grand public, du moins hors d’Allemagne, ce compositeur du début du 20ième siècle – cet autre maître de Leipzig – a en outre une réputation d’austérité tandis que les quelques sonorités qui annoncent la musique contemporaine peuvent rebuter certains. Ce 20 août l’organiste du Dom de Trèves, Jozef Still nous a fourni avec talent la preuve éclatante que l’œuvre de Reger bien que visionnaire est parfaitement accessible, harmonieuse et souvent romantique. Selon un programme habilement construit, le soliste alterna Reger et Bach pour le plus grand bonheur d’un public vite conquis par sa virtuosité et la précision de son jeu. Maniant exubérance et recueillement – comme dans l’intense Moment Musical de Reger – Still se montra un tout grand interprète de Bach dont il joua de célèbres classiques, notamment la brillante Passacaglia et Fugue BWV 582 et l’impressionnant Prélude et Fugue BWV 543 pour le plus grand ravissement du public. Le concert se termina par la triomphale et entraînante Fantasie et Fugue de Max Reger. Lors des ovations enthousiastes, l’organiste invita le public à applaudir l’orgue Grenzing avant de lui offrir en bis un choral de Bach en toute sérénité. Après le concert Jozef Still nous confia que ce qu’il avait le plus apprécié – outre le privilège de jouer pour la première fois sur le Grenzing – était la chaleur et l’enthousiasme de « das Publikum » des concerts de la cathédrale. Auf Wiedersehen herr Still !
La « filiation » étant ainsi achevée ce sera le retour au « Bach pur ». En effet, le festival Ars in Cathedrali se dirige vers son apothéose par l’exécution par Bart Jacobs et Les Muffatti le 27 août des concertos de Bach pour orgue et cordes, dont l’enregistrement fut récompensé par un diapason d’or. Ce concert de clôture se donnera sur l’orgue Collon dans le chœur de la cathédrale.